En quoi les Congolais sont redevables à Etienne Tshisekedi ? Dix dates clés pour comprendre

Franck Diongo, un ancien prisonnier politique sous le régime de l'ancien président Joseph Kabila se confie au micro de Radio France Internationale :

Le cercueil d’Étienne Tshisekedi au stade des Martyrs à Kinshasa © RFI

C'est une perte immense pour la RDC. J'ai perdu un père et un maître. Il nous a enseigné à dominer la peur, à démystifier les dictateurs, à combattre pour un Etat de démocratie. J'appelle le peuple congolais à rendre un hommage exceptionnel au monsieur qui a tout donné pour le pays. Les Congolais, nous sommes redevables au Président Tshisekedi. L'élever au rang de héros national, c'est le minimum qu'on puisse faire par rapport à l'étendue des sacrifices qu'il a faits pour le pays.

Qui est Tshisekedi et qu'a-t-il fait pour le pays ? 

 Ce que l'on peut retenir déjà, c'est qu'il a été opposant pendant 40 ans après avoir brièvement travaillé avec Mobutu. Comment l'éternel opposant est devenu un héros ? Est-il un héros pour tous les Congolais ?

Dix dates clés pour comprendre

• 14 décembre 1932 : naissance à Kinanga
• 1960 : membre du Collège des Commissaires généraux, gouvernement provisoire de Joseph-Désiré Mobutu. C'est ce gouvernement qui a traqué Patrice Lumumba, un autre héros, jusqu'à favoriser son assassinat..
• 1965 : ministre de l'Intérieur et des Affaires coutumières dans le même gouvernement. Là encore, les "martyrs de la Pentecôte"1 marquèrent sont prestigieux mandant.
• 1967:Tshisekedi participe à la rédaction de la Constitution et du manifeste de la Nsele, l’acte fondateur du parti unique. Il est ensuite nommé ambassadeur au Maroc
• 1980 : Tshisekedi rompt avec Mobutu et commence à dénoncer les dérives du régime autoritaire. Il fut incarcéré plusieurs fois. "En prison, je gêne davantage Mobutu", aimait-il confier.
• 1982 : fondation de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS)
• 1990 : à l'ère du multipartisme qui survint après la conférence nationale, Tshisekedi devient le chef de l'opposition et de la société civile
• 1991 : Mobutu le nomme premier ministre, mais il refuse de se soumettre à lui, et est révoqué sur le champ.
• 1996 : Laurent-Désiré Kabila prend le pouvoir par les armes, tente vainement de faire ombrage à Tshisekedi, avant d'être assassiné puis remplacé par son fils Joseph Kabila en 2001
• 2006 : premières élections présidentielles au Congo. Tshisekedi boycotte l'élection. Lorsqu'il consent à y prendre part en 2011, il fait un score de 32,33% selon les chiffres officiels mais contestés.

Fervent opposant à Kabila, son parti s'affaiblit néanmoins peu à peu jusqu'en 2015. Sa santé commence également à faillir depuis 2007, et il finit par s'en aller le 1er février 2017, à Bruxelles, à 84 ans. Le 31 décembre 2016, il avait été désigné président du Conseil national de suivi de l’accord issu du dialogue national.

 

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1. Il s'agit de Jérôme Anany, Emmanuel Bamba, Évariste Kimba et Alexandre Mahamba. Le 1er juin 1966, ces hommes politiques accusés de complot ont été exécutés par pendaison après la crevaison de leurs yeux. Le stade où ils ont été pendus à Kinshasa porte aujourd'hui leur nom en hommage.