Robert Sarah un antigay ami des gays ?
Pour Frédéric Martel, le cardinal Robert Sarah, le cardinal le plus anti-gay de la curie romaine est entouré d’homosexuels: "Il s’affiche avec eux sur les réseaux sociaux, dit-il. À Rome ou en France, où il voyage souvent, on le voit accompagné de gays affairés tout à fait pratiquants ! s’étrangle un journaliste français qui le connaît bien."
Vrai ou faux, on ne peut être sûr de rien...
Les prêtres africains obligés de prouver leur hétérosexualité ?
En s'attaquant au cardinal Sarah, Frédéric Martel se permet une liberté déconcertante pour qui veut être honnête au sujet du clergé catholique africain.
"LE MONDE de Robert Sarah est une fiction, écrit-il. Sa critique de la modernité occidentale opposée à l’idéal africain n’est crédible que pour ceux qui ne connaissent pas l’Afrique. (...) Sarah le sait : un nombre significatif de prêtres catholiques africains vivent avec une femme. D’ailleurs, ils perdraient toutelégitimité dans leur village s’ils ne faisaient pas la preuve de leurpratique hétérosexuelle ! Loin de Rome, ils se débrouillent parfois même pour être mariés à l’église dans leur village."
Là franchement, Frédéric Martel exagère. D'où tient-il que les prêtres africains perdent toute légitimité s'ils ne prouvent pas leur hétérosexualité ? Il s'agit là, d'une généralisation très malheureuse qui pourrait faire perdre de vue à une vérité: beaucoup de prêtres africains se permettent beaucoup de liberté au sujet de leur voeux de chasteté. Mais de là à dire qu'ils perdent leur légitimité s'ils ne le démontrent pas, c'est vraiment être malhonnête. En Afrique, il faut savoir que ces prêtres qui couchent avec des femmes sont très mal vus et très critiqués. Personne ne se réjouit de voir un curé avec un enfant ! Pas dans l'Eglise catholique africaine en tout cas !
L'homosexualité intrinsèque au rite de l'initiation africaine ?
Un prélat aurait confié à Frédéric Martel que "l’homosexualité est l’un des rites de passage traditionnels des tribus d’Afrique de l’Ouest, en particulier en Guinée."
Martel affirme donc :
Aujourd’hui, les séminaires africains sont, à l’image des séminaires italiens des années 1950, des lieux homosexualisés et des espaces de protection des gays. Il s’agit, ici encore, d’une loi sociologique ou, si l’on ose dire, d’une sorte de « sélection naturelle » au sens de Darwin : en stigmatisant les homosexuels en Afrique, l’Église les contraint de se cacher. Ils se réfugient dans les séminaires pour se protéger et ne pas avoir à se marier. S’ils le peuvent, ils s’enfuient en Europe où les épiscopats italiens, français et espagnols font appel à eux pour repeupler leurs paroisses. Et ainsi, la boucle est bouclée.
Je ne peux réfuter le grand Martel, mais il faut savoir que les formateurs dans les séminaires africains sont des prêtres à qui l'évêque confie une mission d'enseignement au séminaire. On n'envoie pas un prêtre dans un séminaire s'il n'a pas de compétences pour enseigner. Ou alors la plupart des intellectuels du clergé sont justement des homosexuels qui se réfugient au séminaire ?
Par ailleurs, pour venir en Europe, ce ne sont pas les prêtres qui le décident d'eux-mêmes. Et les évêques européens n'accueillent pas n'importe quel prêtre qui se présente pour "repeupler" une paroisse vide. L'échange des prêtres entre diocèses se fait par accord bilatéral entre l'Europe et l'Afrique. Ainsi donc, les prêtres homosexuels se débrouilleraient pour être de ceux que l'évêque choisit pour une mission en Europe ?
Les libertés de Martel m'interrogent...
Tout africain authentique devrait embrasser l'homosexualité?
Frédéric Martel continue:
En réalité, comme je l’ai découvert en Inde, la quasi-totalité des articles homophobes actuellement en vigueur dans les codes pénaux des pays d’Asie et d’Afrique anglophone ont été imposés, à partir de 1860, au mot près, par l’Angleterre victorienne aux colonies et protectorats du Commonwealth (il s’agit de l’article 377 du code pénal indien, la matrice initiale, généralisé ensuite, à l’identique et sous le même numéro, au Botswana, Gambie, Kenya, Lesotho, Malawi, Mauritanie, Nigeria, Somalie, Swaziland, Soudan, Tanzanie, Zambie…). Ailleurs, en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest, ce phénomène peut exister également : un résultat, cette fois, du colonialisme français. La pénalisation de l’homosexualité n’a donc rien d’africain – elle est un vestige du colonialisme. En définitive, si des cardinaux comme Robert Sarah ou Wilfrid Napier étaient cohérents avec eux-mêmes, ils devraient appeler à la dépénalisation de l’homosexualité en Afrique au nom de l’anticolonialisme et afin de retrouver une véritable tradition africaine.
Monsieur Martel, est-ce parce que la pénalisation de l'homosexualité était occidentale qu'elle n'aurait pas pu être aussi africaine?
En définitive, Monsieur Martel s'en prend au cardinal Sarah pour son homophobie, mais cela justifie-t-il de telles approximations ?
Sodoma a certes du mérite de dénoncer une plaie que je condamne ici, aussi vigoureusement que possible. Mais au nom de la vérité, peut-on se permettre des approximations à ce point ?
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